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The Cinematic Orchestra en clôture

Une 44e cuvée audacieuse pour le Festival de jazz

Une 44e cuvée audacieuse pour le Festival de jazz
Le site du Festival de jazz / Victor Diaz Lamich/Courtoisie FIJM

La 44e édition du Festival international de jazz de Montréal s’est conclue, samedi soir, un peu avant 23 heures, sur les dernières notes du concert extérieur du Cinematic Orchestra sur la place des Festivals.

Pas courant, comme affiche de clôture, il faut avouer, mais elle était en concordance avec ce qui a été proposé depuis dix jours au centre-ville de Montréal : une audace certaine, pour ne pas dire une audace totalement assumée.

Hiatus Kaiyote Benoit Rousseau/FIJM

Source: Hiatus Kaiyote Benoit Rousseau/FIJM

Audace, comme le soir d’ouverture, lorsque le groupe de jazz-fusion originaire de Melbourne Hiatus Kaiyote a été la tête d’affiche. Les Australiens ont plus de dix ans de carrière, certes, mais combien de Montréalaise - lors d’un sondage éclair dans la rue il y a dix jours - auraient cité de mémoire leur lieu d’origine?

Audace comme le dernier week-end, quand le FIJM a offert la grande scène extérieure à une artiste de chez nous, Dominique Fils-Aimé, un samedi soir. C’est une chose archi-courante aux Francos. Pas mal plus rare au FIJM.

Dominique Fils-Aimé Victor Diaz Lamich/FIJM

Source: Dominique Fils-Aimé Victor Diaz Lamich/FIJM

Audace, aussi, en programmant Thee Sacred Souls, mardi dernier, un groupe qui n’a que deux disques sous la ceinture.

Audace, également, avec le Belge Apashe – et un orchestre - , jeudi, et encore, vendredi, cette fois, avec le Sud-Africain Orville Peck, nettement plus country que jazz.

Quand tu scrutes la liste des groupes et artistes qui se sont produits dans la case-horaire de 21h30 depuis le 27 juin, force est d’admettre que Robert Glasper était, peut-être, la seule mégastar de son idiome, le jazz. Bon, on a attendu toute la soirée ses «invités spéciaux» annoncés tant sur les sites web en français qu’en anglais du festival - problème de communication? -, mais ce fut de très forte tenue.

Comme samedi soir, en définitive.

Le cinéma Paradiso du Cinematic Orchestra

Pour l’occasion, les Britanniques du collectif Cinematic Orchestra venaient nous proposer intégralement leur album Man with a Movie Camera pour son 20e anniversaire (2003).

Une proposition artistique qui oblige le spectateur à être attentif et concentré afin d’apprécier la complémentarité de la musique proposée par le groupe et les images qui défilent sur les écrans grâce au travail de Jason Swinscoe.

Durant 75 minutes, des milliers de spectateurs ont peu s’immerger dans l’univers sonore et visuel des Anglais par l’entremise d’images en noir et blanc, des bouts de films muets, des juxtapositions de figures géométriques et même l’utilisation d’une machine à écrire, dont parfois, les cliquetis faisaient contrepoint avec la musique.

The Cinematic Orchestra/Benoit Rousseau/FIJM

Source: The Cinematic Orchestra/Benoit Rousseau/FIJM

Nappes de claviers, contrebasse ronde, musique planante, batterie nerveuse, rythmes lents ou galopants : l’œil et l’ouïe des festivaliers ont constamment été sollicités et ces derniers ont répondu présent. Par moments, l’attention de ces derniers était telle lors de cette chaude soirée d’été que j’avais l’impression de vivre une version maximisée de Cinéma Paradiso.

Lors du rappel, ce sont les festivaliers au parterre qui étaient dans l’œil de la caméra de Swinscoe, ce qui a mené à une finale très touchante.

Si le FIJM a attiré plus de visiteurs de plus de l’extérieur cette année que l’an dernier (les chiffres définitifs restent à confirmer, mais on parle d’une fourchette allant de 6 à 10 %), l’année 2024 est la seconde avec Maurin Auxérémy aux commandes de la programmation.

Comme Laurent Saulnier l’avait fait à son arrivée il y a près de 25 ans, Auxérémy impose graduellement sa marque, sans rien brusquer. On note plus de jazz – à saveur contemporaine - sur les scènes extérieures dans les grands rendez-vous de fin de soirée, mais aussi à la nouvelle Place tranquille, où les festivaliers ont pu voir gratuitement une sacrée belle brochette d’artistes et de groupes. Et en salle, Stanley Clarke, Ambrose Akinmusire, Dave Holland, Marcus Miller, Joshua Redman, Kenny Garrett et Erik Truffaz, pour ne nommer que ceux-là, ont tous répondu présent.

Ambrose Akinmusire Frédérique Ménard-Aubin/FIJM

Source: Ambrose Akinmusire Frédérique Ménard-Aubin/FIJM

Bref, on renouvelle l’attrait pour le genre auprès d’un public qui rajeunit et pour qui les métissages et les propositions audacieuses sont appréciées, à en juger par les marées de monde vues cette année encore.

Le concert coup de cœur : Laufey, Maison symphonique. Avec sa grâce, son sourire et son talent de multiinstrumentiste (piano, violoncelle, guitare), l’Islandaise aux racines asiatiques a démontré l’aisance avec laquelle elle pouvait passer de la pop, au jazz et au répertoire classique d’une chanson ou d’un morceau à l’autre. Elle a rempli la salle Wilfrid-Pelletier (concert initial) et la Maison symphonique (supplémentaire en après-midi) le même jour. Majeur.

Laufey/Frédérique Ménard-Aubin/FIJM

Source: Laufey/Frédérique Ménard-Aubin/FIJM

Le concert maturité : Norah Jones, avec plus de 20 ans de carrière, qui nous offre peut-être son concert le plus varié et énergique de sa carrière. De Muscle Shoals à Nashville.

Le concert émouvant : Rien n’est plus ardu qu’un concert collectif avec des artistes d’horizons différents qui s’attaquent au répertoire d’autres géants, qui plus est, quand il s’agit d’un spectacle hommage. C’est pourtant le pari réussi avec brio ceux qui ont offert l’hommage Mixtape au regretté cinéaste Jean-Marc Vallée. L’un des meilleurs concerts du genre vu au cours des ans.

Beyries, Martha Wainwright et Elisapie. Victor Diaz Lamich/FIJM

Source: Beyries, Martha Wainwright et Elisapie. Victor Diaz Lamich/FIJM

La contrainte logistique : Comme ce fut le cas aux Francos, les rénovations liées au Musée d’art contemporain nous ont privés d’une scène majeure sur la rue Sainte-Catherine. Et ça devrait être le cas l’an prochain encore...

Un nouveau pôle d'importance : Maintenant que tout est terminé sur la Place tranquille, l’aménagement des scènes et les propositions de restaurations en font un pôle majeur de l’événement.

L’excellente idée : Mettre un piano à côté de l’entrée de la Place des arts, à l'extérieur, où les festivaliers qui savent jouer de cet instrument sont venus participer aux Francos et au Festival de jazz. 

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